Je m’appelle Dyna Sow alias Miss Voltan.
Ma présence sur Instagram s’est essentiellement tournée vers la promotion de la littérature en 2016. Twitter et Facebook ont suivi par la suite.
Au début, je lisais principalement des thrillers. Mes réseaux sociaux n’avaient aucune ligne éditoriale définie. Je publiais au gré de mes envies quelques coups de cœur livresques. Je ne lisais quasiment pas de littérature africaine.
En 2018, je décide de créer un blog car j’ai ce projet fou en tête. Après moult réflexions, je me rends compte qu’il est peut-être trop tard pour notre génération. Pour que rayonne enfin une Afrique unie et solidaire, il faut investir dans l’avenir des plus jeunes. Il faut les conditionner, leur insuffler dès le plus jeune âge les bonnes habitudes, les bonnes croyances et surtout de solides valeurs.
A mon niveau, je pense que l’une des solutions serait de leur faciliter l’accès aux livres afin qu’un jour, naissent des citoyens qui pensent par eux-mêmes et qui deviennent exigeants vis-à-vis de leurs gouvernants.
A ce propos, Bibi Bakare-Yusuf, Nigériane et fondatrice de la florissante maison d’édition Cassava Republic Press qui œuvre à la promotion des littératures africaines dans le monde, affirmait :
The greatest problem we have on this continent is a deficit of imagination. We focus too much on feeding the belly, on the politics of the belly. We don’t focus enough on the poetic of the belly. Sometimes, it’s the poetry that allows us to wake up the following day and say YES to existence. […] We want to convert minds. We want to convert them to begin to question who they are but also question the society. »
Lorsque l’on prend connaissance des fonds alloués aux différents ministères sur nos terres, on constate que ceux qui ont trait à la culture sont souvent moins bien lotis. Cela reste compréhensible dans ces zones, car dans l’imaginaire collectif, la culture reste secondaire.
Ce qui, par contre, m’a paru surprenant, c’est d’entendre une collègue française s’offusquer de l’octroi d’un prix Nobel de littérature. Selon elle, la physique ou la médecine font avancer l’humanité. Qu’apportent donc les écrivains pour qu’on leur attribue un prix Nobel ? Mon cœur en était meurtri. Je prenais toute la mesure du travail qui nous attendait sur le continent car même dans les pays où la culture a une importance fondamentale, cette mentalité subsiste.
En guise de réponse, je joins ma voix à celle de Bibi Bakare-Yusuf :
Culture is central to what we do in the economic arena, what we do in the political arena. The culture is the foundational narrative.
Pour en revenir à mon blog, plumepassionnee.com, il a donc été lancé en février 2018. De ma passion pour la lecture est née une passion pour l’écriture. J’entendais donc y publier, en plus des avis littéraires, quelques réflexions personnelles. A ceux-là, s’ajoutent des photos de mes différents voyages.
Le blog constitue un trait d’union entre ma passion et le futur projet qui facilitera l’accès aux livres aux enfants et adolescents. C’est une sorte de bibliothèque virtuelle qui les accompagnera dans leur parcours littéraire comme cela a été le cas pour moi.
J’ai progressivement évolué des thrillers vers les littératures africaines et afrodescendentes. Il y a environ deux ou trois ans, j’ai réalisé que j’avais une maigre connaissance des littératures du continent. Or, dans mon projet fou, j’entendais privilégier ces littératures-là car, paradoxalement, elles sont parfois moins accessibles que les littératures étrangères.
Je continue à lire les classiques français, russe, les grands romans américains etc. Je ne peux pas me passer de Guy de Maupassant et l’américain Philip Roth est l’écrivain qui m’a le plus bouleversée jusque-là. Cela dit, l’envie d’entendre des voix réduites au silence me porte de plus en plus : les littératures africaines, afro-brésiliennes, cubaines, caribéennes, afro-américaines etc. Je veux aussi découvrir l’Asie en littérature : le Japon, la Chine, l’Inde etc. Enfin, j’essaie de comprendre les codes du monde à travers des essais et m’inspirer de destinées singulières en lisant des biographies.
En somme, j’entends partager avec vous toute la richesse des littératures africaines et par ricochet, celles de peuples invisibilisés ou méconnus. Pour paraphraser mon maître Karl Marx :
Je suis une machine à dévorer des livres pour les vomir ensuite sous une autre forme sur le tas de fumier de l’Histoire.
Avec passion,
Dyna.
Très bel article Dyna, qui permet à la fois de savoir à partir de quelle fenêtre tu parles et le pourquoi de ta présence en ligne.
Je trouve navrant que les réflexions de Bibi Bakare-Yusuf fasse écho comme si le temps n’avait rien fait à l’affaire au constat fait par Aminata Traoré dans « Le viol de l’imaginaire » près de 20 ans plus tard. Les chaînes invisibles transmises de générations en générations me semblent un handicap plus important que l’absence de politique culturelle car dans le fond les enfants font ce que nous faisons, répètent ce que nous disons et si les parents et autres modèles perpétuent la valorisation systématique de l’ailleurs, je crains que même des milliards investies dans la petite enfance ne fassent pas grande différence. Quand dans les bibliothèques et librairies africaines, les ouvrages des auteurs et autrices du continent, et du pays même sont soit absents, soit positionnés dans des petits coins, pourquoi en serait-il autrement dans les autres pays ?
Les producteurs culturels locaux ont existé au début des indépendances, mais très rapidement le snobisme de la classe bourgeoise naissante souhaitant s’identifier à l’ailleurs à contribuer à leurs disparitions.
Comment avancer en l’absence d’estime de soi ? Comment se projeter en l’absence de confiance en soi ? Comment prendre la mesure de l’importance de l’histoire de son pays si on porte en soi l’image de la version des autres ? Ce sont autant de questions qui me taraudent lorsque j’avance sur le terrain de la mise en lumière des plumes africaines féminines. J’entends beaucoup de discours contredit par les actes de ceux qui les tiennent et le plus dramatique c’est que la plupart ne se rendent pas compte qu’ils quémandent l’intérêt et l’estime là où ils ne la portent pas eux mêmes. Aline Diop n’a pas demandé la permission, il a créé la présence africaine qu’il souhaitait voir, lire et faire connaître tout comme Bibi Bakare-Yusuf. Ses premiers détracteurs lorsqu’il a réussit son pari ont été les congénères sans estime de soi refusant la soi-disant ghettoïsation, là où lui voyait une affirmation, une force, un affranchissement.
Non ton projet n’est pas fou, il est nécessaire et toutes tes contributions apportent de l’eau à ton moulin puisque tu « preach by example ». Ta revue pour le magazine Panafricain Bakwa 10 en est une belle illustration. Plus tu cotoyeras des acteurs du changement, plus tu trouveras le meilleur moyen d’approcher de ton objectif final d’une afrique forte et unie.
J’arrête là ma logorrhée chère plume passionnée.
Livrequement
Grace